« Déclic Industrie », le projet lauréat de l’appel à projets « Nouvelles vocations professionnelles : en quoi les activités productives locales font-elles sens aujourd’hui ? », ambitionnait de rapprocher les acteurs industriels et les prescripteurs à l’emploi afin d’encourager les reconversions dans l’industrie locale. Ces deux types d’interlocuteurs souvent éloignés les uns des autres ont-ils effectivement créé des liens ? De manière pérenne ? Et quels seront les bénéfices à long terme de Déclic Industrie au-delà des 24 mois de son déploiement sur les territoires du Rhône et de la Loire ? Bilan à la clôture du projet…
Les fondements de Déclic Industrie
Sensibiliser les industriels aux réalités des personnes en reconversion ou travaillant au sein de Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE) mais aussi acculturer les professionnels de l’insertion aux atouts et aux besoins du secteur industriel local, tels étaient les deux objectifs de Déclic Industrie. Pour favoriser cette meilleure compréhension mutuelle des attentes et des besoins, le projet s’est appuyé, pour le territoire de Lyon, sur le SIRAC, Entreprise de Travail à Temps Partagé et pour le territoire de Saint-Etienne, sur le Club Gier Entreprises.
Lever les a priori réciproques des industriels envers les publics éloignés de l’emploi et des prescripteurs envers le monde de l’industrie.
Deux dispositifs spécifiques : les « ZI Tours » et les « Vis ma vie »
Afin de transmettre une vision fine de la réalité actuelle de l’industrie aux prescripteurs oeuvrant auprès des bénéficiaires en recherche d’une réorientation, des « ZI Tours » ont été mis en place. Ce dispositif préexistant et innovant de l’AIRM (Association des Industriels de la Région de Meyzieu) était l’occasion d’une visite peu classique. Embarqués à bord d’un bus dédié, les conseillers sillonnaient les zones industrielles. A bord, des « ambassadeurs de l’industrie » leur fournissaient des informations précieuses sur les produits fabriqués dans les usines des alentours, les niveaux de salaires, les possibilités de formations internes : toutes informations utiles à mieux informer et orienter leurs publics… Des vidéos consacrées à ces entreprises leur étaient également projetées.
Le ZI Tour, essaimé depuis le territoire lyonnais vers les bassins de la vallée du Gier, a non seulement connu un franc succès auprès des professionnels de l’insertion mais ce format de médiation s’est aussi étendu à des publics scolaires ainsi qu’au grand public, notamment dans le cadre des Journées du Patrimoine.

Le second dispositif, un « Vis ma vie » guidé au sein des centres de formation professionnelle AFPA Vénissieux et AFPI, plongeait en immersion les prescripteurs dans le quotidien d’un candidat en parcours de certification.
Côté industriels, invités à faire rayonner leur marque employeur lors des ZI Tours via les vidéos de présentation déjà évoquées, ils ont aussi été conviés à visiter des structures d’insertion par l’activité économique, véritables viviers de potentiels collaborateurs. Ces visites leur donnaient connaissance des profils disponibles à la formation ou à la reconversion.

Des mesures d’impact ont été réalisées à plusieurs stades de développement de Déclic Industrie, afin d’évaluer les réussites et pistes d’amélioration. Elles ont permis de tirer les conclusions suivantes.
Les résultats côté industriels & prescripteurs
220 industriels & 606 prescripteurs « ont eu le déclic » !
Autrement dit, voici le nombre total de participants à Déclic Industrie, au cours de 99 actions menées durant les 24 mois de durée du projet.

Ces actions ont conduit à de premiers succès éclatants : dans la Loire, 12 recrutements et 9 personnes actuellement en formation en vue d’une embauche ; et dans le Rhône, 8 recrutements validés et 5 stages, en cours de réalisation, qui, eux aussi, sont censés aboutir sur des embauches. Déclic Industrie est ainsi une manière de recruter qui a fait ses preuves !
Véritables leviers lors des points d’étape du projet Déclic Industrie, les rencontres annuelles réunissant, autour d’une même table, professionnels de l’industrie et prescripteurs à la reconversion ont généré des échanges qui perdurent. En outre, dans la Loire, cette rencontre, animée par le lab de France Travail, a aussi pu mener une réflexion de fond sur les freins et solutions.
Evolution positive de la perception des prescripteurs sur l’industrie : 62 %
Evolution positive de la perception des industriels concernant les personnes en reconversion : 59 %
La lecture commune des atouts de l’industrie locale donne une base de travail pour tous. La prise de conscience autour des enjeux de reconversion dans l’industrie a, quant à elle, conduit à un diagnostic partagé des postes à pourvoir, des publics à embarquer et des formations complémentaires à engager ; sans oublier les adaptations à conduire dans certains milieux industriels pour favoriser leur attractivité vis-à-vis de ces publics disponibles.
On peut ainsi aisément affirmer qu’industriels et prescripteurs ont durablement intégré la nécessité de renforcer leurs liens : les industriels ont pris conscience que les prescripteurs étaient les personnes idéales pour leur adresser des profils adaptés ; mais aussi que les chemins d’accès aux postes à pourvoir pouvaient être longs dans le cadre de reconversions. Les prescripteurs ont, quant à eux, mesuré le rôle à jouer pour lever certains freins liés à des perceptions dépassées du monde de l’industrie. La sensibilisation a bel et bien fonctionné.
Les perspectives de pérennisation des actions
Dans le Rhône, les ZI Tours vont se poursuivre avec l’AIRM, grâce à un financement de la Métropole, via Avenir Industrie, et de la Ville de Meyzieu ainsi qu’Ilyse qui soutient la pérennisation de l’action sur les deux territoires. Un dispositif dont la pérennisation est dorénavant assurée dans la Loire aussi où ils seront également poursuivis sur fonds propres notamment du Club Gier Entreprises, en attendant un potentiel financement par France Travail, structure qui souhaite les intégrer dans les parcours des nouveaux conseillers emplois. Le ZI Tour, marque déposée et dispositif unique à ce jour en France, va même être repris dans différentes régions à l’avenir, l’essaimage se faisant donc bien au-delà du Rhône et de la Loire !
En ce qui concerne les « Vis ma vie », dans le Rhône, l’AFPA va les continuer, sur ses fonds propres. Dans la Loire, le maintien des visites de plateaux techniques de l’AFPI est acté et une probable poursuite de celles proposées par l’AFPA, dynamisées par Déclic Industrie, est envisagée. Enfin, les visites de SIAE vont se poursuivre, sur fonds propres, et les visites d’entreprisespour prescripteurs, prises en charge par la MMIE dans le cadre des consortiums Industrie de la Métropole de Lyon. Enfin, dans la Loire, les échanges avec les prescripteurs seront renforcés et pérennisés, avec l’adhésion de France Travail, MIFE Loire Sud et SOS Groupement au Club Gier.
Grâce à toutes ces actions, les liens tissés entre industriels et spécialistes de l’accompagnement de publics en reconversion professionnelle s’avèrent pérennes – on peut ainsi affirmer que de véritables « communautés » ont été amorcées.
Nous voilà en mesure d’affirmer que les deux défis lancés par Déclic Industrie ont été relevés : non seulement lever les freins à la reconversion dans l’industrie mais aussi amener à une prise de connaissance et de conscience des prescripteurs quant à la réalité de l’industrie actuelle. Approfondir le dialogue entre industriels et prescripteurs pour identifier les passerelles et les besoins en formation des personnes en reconversion reste nécessaire : persévérer dans la médiation industrielle s’avère donc essentiel. En tout état de cause, réjouissons-nous : la relève après Déclic Industrie est bel et bien amorcée !