Amélie Cartet
Dessinatrice industrielle chez LM Réalisations et finaliste nationale de la 46ème compétition des WorldSkills
Après un baccalauréat STI2D, suivi d’un BTS Conception de produits industriels en alternance, Amélie Cartet travaille aujourd’hui en tant que dessinatrice industrielle. Un poste dont elle est fière et qu’elle a pu décrocher grâce à sa participation à la 46ème Compétition des WorldSkills. Découvrez son parcours et comment est née sa vocation pour l’industrie !
Pourquoi avez-vous choisi de vous orienter dans le milieu industriel et plus particulièrement en tant que dessinatrice industrielle ?
Amélie Cartet : Complètement par hasard ! Pour intégrer le lycée que je souhaitais, qui n’était pas mon lycée de secteur, j’étais obligée de prendre SI comme option, science de l’ingénierie. Il s’avère que ça m’a plu. C’était de la technologie un peu plus poussée, alors j’ai choisi STI2D car ça m’intéressait et j’aimais ce que je faisais en classe. Puis j’ai voulu poursuivre avec un BTS. J’ai fait un BTS Conception de produits industriels en alternance, pendant deux ans chez SOLECAD à Villemoirieu. C’est une entreprise de machines spéciales. Aujourd’hui j’ai 20 ans, je travaille chez LM Réalisations à Chasse-sur-Rhône en tant que dessinatrice industrielle.
On a beaucoup de possibilités, c’est vraiment sympa, ça ouvre le champ des possibles !
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier et dans le secteur de l’industrie ?
Amélie Cartet : Ce que j’aime dans l’industrie, c’est qu’aujourd’hui j’aime ce que je fais mais si demain ça ne me plaît plus, je peux changer et faire quelque chose d’entièrement différent. En gardant mon métier de base, dessinateur projeteur pour ma part, je peux travailler dans beaucoup de secteurs différents. Pour le médical, pour l’automobile… ça c’est assez cool ! On a beaucoup de possibilités, c’est vraiment sympa, ça ouvre le champ des possibles !
Parlez-nous de votre participation à la 46ème compétition des WorldSkills, comment est-ce que ça s’est passé pour vous ?
Amélie Cartet : En vue de Lyon 2024, une équipe est venue à l’école nous présenter la Compétition des Worldskills. Personne ne connaissait. J’étais, à cette époque, en cours à Lyon à Mermoz, au CFAI (Centre de Formation des Apprentis de l’Industrie) de l’IRI (Institut des Ressources Industrielles). On est venu nous présenter le concours. Et avec plusieurs copains on s’est dit « pourquoi pas, c’est une journée où on ne va pas à l’école !» [rires]. On avait quand même pris conscience que ça pouvait nous ouvrir des portes mais personne ne prétendait y arriver. Et il s’avère que j’ai gagné les finales régionales et après, ça a été toute une phase d’entrainement pour accéder aux finales nationales qui se sont déroulées en août 2021 et début janvier 2022. Grâce à tout ce travail, j’ai finalement obtenu la 6ème place lors des finales nationales.
Que vous a apporté la compétition des WorldSkills ?
Amélie Cartet : D’abord professionnellement. Je travaille chez LM Réalisations aujourd’hui grâce aux Worldskills. Ils ont réussi à obtenir mes coordonnées grâce à Worldskills, ça a été un long parcours pour eux… mais ils ont finalement réussi à me contacter et je suis allée travailler chez eux.
Puis personnellement, ça m’a fait grandir. C’est une compétition qui nous apporte beaucoup et qui nous pousse à voir toujours plus haut. WorldSkills, c’est une sacrée belle expérience !
C’est, d’ailleurs, dommage que ça ne soit pas assez connu. Après ma participation, lorsque j’étais dans l’attente des finales nationales, je voyais des pubs à la télé pour Lyon 2024 et pour nos finales nationales. Elles présentaient la compétition de Lyon 2024, c’était cool mais avant on n’avait jamais vu ça à la télé.
Selon vous, les jeunes ne sont donc pas assez sensibilisés à ce genre d’événements et au secteur de l’industrie de manière générale ?
Amélie Cartet : Absolument ! L’industrie ? On ne nous en parle pas. On ne nous présente pas ces métiers. Quand j’étais en 3ème, on ne m’a jamais parlé du bac STI2D. Les bacs S, ES, STMG, L oui. On ne nous parlait pas des filières techniques ou des bacs pros non plus… Presque comme si c’était quelque chose de dénigrant mais aujourd’hui ce sont des métiers dont on a besoin, avec des perspectives d’évolution et qui sont vraiment super ! L’industrie au niveau des jeunes n’est pas assez présentée et représentée.
Il faut bousculer un peu les choses pour montrer aux jeunes que c’est un milieu intéressant.
Faire la promotion de ces métiers de l’industrie en classe pourrait être quelque chose d’intéressant pour vous ? Des jeunes qui parlent à des jeunes, par la transmission ça peut marcher ?
Amélie Cartet : Ça peut marcher comme ça, je n’avais jamais pensé à ça avant… Mais des jeunes qui parlent à des jeunes, c’est parlant [rires]. C’est vrai que ce n’est pas une mauvaise idée !
Mais je pense que quand on est jeune il faut qu’on nous ouvre les portes pour qu’on puisse se dire « ah oui mais je peux faire ça, ou encore ça ».
Et puis des ateliers ! Ce dont moi je me rappelle quand j’étais au collège ou au lycée, c’est qu’on nous présentait les choses dans un amphithéâtre. Nous étions assis, passifs et nous écoutions. Je trouve que c’est long. On a tendance à se dire que ce qui est présenté en face est futile et ne sert à rien. Surtout que dans l’industrie on utilise un langage qui est très spécifique ! Donc si dès le début on ne saisit pas ce que le professionnel nous présente à l’oral, il vaut mieux le voir en action. Il faut bousculer un peu les choses pour montrer aux jeunes que c’est un milieu intéressant.
En parlant de changements, selon vous comment l’industrie participe-t-elle à réduire l’impact environnemental ?
Amélie Cartet : Aujourd’hui je ne sais pas. Dans les deux sociétés dans lesquelles j’ai travaillé, on n’avait pas forcément de problématiques environnementales. Mais je pense que l’industrie peut être un facteur pour améliorer l’environnement sur beaucoup de choses, notamment avec des nouvelles technologies. Nous sommes de plus en plus poussés vers le développement durable et je trouve ça super. C’est une question qui parle à beaucoup de jeunes de ma génération. Nous avons grandi avec ces mots-là. Dès le collège on a été briefés sur le recyclage tout ça alors que ça ne se faisait pas forcément sur les générations plus anciennes.
Et être une femme dans l’industrie qui plus est une jeune femme, racontez-nous ?
Amélie Cartet : Le fait d’être jeune ne m’a jamais posé de problème. Mais être une femme… oui ! Au début lorsque je cherchais une alternance pour mon BTS, c’est très compliqué avec toutes les entreprises que j’ai contactées. On me regardait comme un extraterrestre. Et puis à l’école aussi, car nous n’étions que deux filles dans une classe de 30 élèves et là aussi on nous regardait comme des extraterrestres. Mais je me suis permise de dire haut et fort que non l’industrie n’était pas un milieu réservé exclusivement aux hommes ! C’est un milieu pour tout le monde, comme c’est le cas de tous les métiers d’ailleurs. Par contre grâce aux concours, on prouve que nous pouvons être aussi fortes voire même plus fortes que certains hommes.
Et, d’ailleurs, après les Worldskills ça a été tout l’inverse ! On m’appelait pour que je vienne travailler dans des entreprises alors qu’avant c’était super compliqué. Cette compétition m’a ouvert beaucoup des portes car c’était une preuve de compétence. Et comme dans beaucoup de milieux, malheureusement quand on est une femme nous devons prouver 4 fois plus les choses que quand on est un homme. Et pour ça les concours, ça aide.
D’ailleurs dans mon métier, dessinateur industriel, les femmes sont très recherchées car on nous dit souvent que nous sommes plus rigoureuses, plus pointilleuses et qu’on accorde davantage d’importance à certains détails par rapport aux hommes.
Amélie, en plus de cette vie professionnelle bien chargée, vous êtes pompier volontaire. Cette vocation a-t-elle un lien avec votre choix de travailler dans l’industrie ?
Amélie Cartet : Être pompier m’a aidée dans le cadre professionnel pour beaucoup de choses. Déjà, c’est un milieu très masculin. C’est pire que l’industrie. Pour certains, une femme ne peut pas faire ce qu’un homme fait. Et il faut donc prouver 4 fois plus. Mais une fois qu’on a fait nos preuves, on est les rois du monde enfin les reines du monde [rires].
Puis au niveau du mental, être pompier a été une force car cette vocation nous demande de se remettre toujours en question, d’aller toujours plus loin et d’être en formation constante. Donc ça m’a notamment servie pour la compétition des WorldSkills parce qu’il faut avoir ce mental d’acier pour aller plus loin et ne jamais lâcher.