Voilà un an déjà que les quatre initiatives lauréates de notre appel à projets « Industries en culture : savoir-faire d’hier et d’aujourd’hui pour mieux produire demain » ont été lancées. L’occasion, pour la Fondation, de tirer un premier bilan, à mi-chemin de leur déploiement. Comment La Pensée qui Fabrique, l’Industrie Magnifique, M2CIA et Street Art en Industrie ont-ils amorcé leur démarrage ? Quels sont les résultats des premières médiations sur le terrain ?
La Pensée qui Fabrique : retours très positifs des 1ers ateliers
Opérée par l’entreprise Post Industrial Crafts – PIC, en partenariat avec La Cabane de la Cité du Design de Saint-Etienne et bénéficiant du support d’INDULO, La Pensée qui Fabrique est une démarche qui porte un joli nom disant très clairement ce qui la sous-tend : « transmettre le plaisir de la pensée industrieuse ! ». Comme l’explique Guillaume Crédoz, Dirigeant de PIC : « Dans une société de plus en plus tertiaire, il s’agit de reconnecter les jeunes au design process, c’est-à-dire à l’effort intellectuel qui permet d’organiser les étapes pour passer de la matière brute à la fabrication de nombreux objets du quotidien. »
La Pensée qui Fabrique a donc donné naissance à un atelier itinérant du même nom à destination des collégiens en classes de 4e et 3e, et des lycéens des métropoles de Lyon et de Saint-Etienne, permettant la production collective de gobelets en cartons. Neuf machines au design particulièrement attractif ont été spécialement fabriquées par PIC pour ce faire.
A ce jour, une dizaine d’ateliers ont déjà concerné plus de 300 jeunes et leurs accompagnants (parents et professeurs), soit lors de médiations tenues dans les établissements scolaires, soit lors d’événements tels que la France Design Week, les Journées du Patrimoine et la Nuit du Design. En complément, deux visites des ateliers de Post Industrial Crafts ont également eu lieu.
En outre, La Pensée qui Fabrique a fait l’objet de présentations auprès de différents cercles de professeurs et d’entreprises, notamment lors d’un petit déjeuner Mécaloire. Une présentation facilitée par Patrice Faivre Duboz, Chef d’entreprise, et Chantal Hilaire, Directrice de ce réseau, tous deux engagés dans le parrainage du projet.
Les premiers retours, très positifs, font état d’un intérêt pour les processus de fabrication, le design et leurs ancrages historiques et d’une meilleure compréhension de ces enjeux par le jeune public et les adultes.
Les enjeux en année 2
L’amplification du dispositif devrait conduire à la multiplication des ateliers au sein des établissements de Saint-Etienne et Lyon. Une résidence chez INDULO est également programmée prochainement. A cette fin, trois nouveaux médiateurs ont d’ailleurs été formés. La programmation des visites d’usines à proximité des établissements touchés – volet du projet qui a timidement démarré – sera enclenché notamment avec le précieux soutien du réseau Mécaloire. Enfin, avec la réouverture prévue en septembre 2025 de la Cabane du Design, des médiations in situ vont pouvoir être organisées au sein de la Cité du Design, comme initialement prévu.

L’Industrie Magnifique : cap sur l’Expo !
La première phase de ce projet qui porte un nom interpellant – certains s’étonnent encore que l’on qualifie de « magnifique » l’industrie, alors, que nous, à la Fondation, nous en réjouissons 🙂 – a été consacrée à la « conquête du territoire » et à la communication. Ainsi, Carolin Sackmann et Magalie Meunier, les directrices du projet Lyon – Saint-Etienne, ont-elles multiplié les présences événementielles et rencontres de réseaux : Salon Made in PME, Café Mission Vallée de la Chimie, Café du Club Gier Entreprises…, dans le but de sensibiliser les différents cercles institutionnels et économiques locaux. Cela a permis le recrutement des premières entreprises mécènes qui ont formé des binômes en choisissant parmi une sélection d’artistes, proposée par le Studio Ganek : quatre ont été appariés.
En cours à ce jour, ACI Groupe x Benoît Billotte ; Met’Epur (Véolia) x Amélie Lengrand ; Le Joint Technique x Jacques Rival. Le nom de l’artiste choisi par Syensqo n’est pas encore connu. A ces quatre œuvres dont le processus de création est lancé, va s’ajouter une œuvre photographique choisie par le Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne à la suite de la résidence du photographe Julien Guinand au sein des entreprises ligériennes Novaressort et André Laurent. Les dates de la phase d’exposition des œuvres sont arrêtées : elle aura lieu du 16 au 26 octobre 2025 dans l’écrin prestigieux du Grand Hôtel Dieu de Lyon.
Elle prendra le nom de « Rencontres de l’Industrie Magnifique » car Carolin et Magalie veulent insister sur la dimension de médiation de l’événement et multiplier les occasions d’échanger entre artistes, mécènes et publics. Toujours dans cette optique d’ouvrir L’Industrie Magnifique au plus grand nombre, tous les publics seront adressés, et notamment les scolaires et les demandeurs d’emploi. Enfin, les organisatrices ont eu une idée innovante par rapport aux deux précédentes éditions de Strasbourg : celle d’une œuvre participative ouverte au public qui prendra forme au fil des 11 jours de l’exposition.
L’Industrie Magnifique sera la plus belle des vitrines pour l’industrie…
Les enjeux en année 2
Avec l’échéance de l’exposition publique, le projet franchit une nouvelle phase d’accélération. La réalisation des œuvres, lancées dans les industries mécènes, va poursuivre son cours. Des médiations, au sein des entreprises, impliquant les artistes et les salariés, mais aussi des publics extérieurs, notamment des riverains, vont être organisées.
Il reste de l’espace dans le parcours de déambulation prévu au sein des cours de l’Hôtel-Dieu pour de nouvelles œuvres si, en tant qu’entreprise, vous souhaitez rejoindre la communauté des mécènes. Saisissez cette opportunité de fédérer vos équipes, faire connaître vos savoir-faire et, plus largement, participer à modifier les idées reçues sur notre secteur de l’industrie.

M2CIA : médiations industrielles déclinées sous voûte stellaire
M2CIA vise à faire rayonner la filière aéronautique et spatiale, sur le territoire de Lyon et Saint-Etienne par deux biais. D’un côté ouvrir les portes des entreprises aux publics scolaires et au grand public ; de l’autre accueillir les entreprises de la filière dans des lieux de médiation privilégiés, tels les planétariums et le musée aéronautique, pour qu’elles puissent y présenter leurs métiers.
La filière aéronautique et spatiale, sur le territoire de Lyon et Saint-Etienne, reste méconnue alors qu’elle recrute entre 2 500 et 3 000 personnes par an !
Ce double dispositif doit permettre aux habitants de prendre conscience de l’implantation d’industries d’excellence à côté de chez eux, et de vulgariser les engagements RSE et innovations technologiques conduites par la filière pour en réduire notamment les impacts environnementaux. Porté par l’Académie aéronautique et spatiale Auvergne Rhône-Alpes, en partenariat avec Entreprises et Découverte, ce projet est parrainé par deux références en matière de CSTI : Isabelle Bonardi, Directrice culture science et société à l’Université de Lyon ; et Florence Belaen, Directrice sciences et société à l’Université Lyon 2.
Le film immersif « Dream to Fly », suivi de la projection d’un éclaté d’avion en 3D spécifiquement réalisé pour servir de support à l’explication des savoir-faire et des compétences mobilisées dans les entreprises de l’aéronautique et du spatial en région, a été projeté à plus de 300 jeunes lors de séances de médiation dans les planétariums et au musée de l’Aviation. Une version hors-les-murs de ce dispositif de médiation a également été testée sous une voûte de planétarium mobile, lors de la Fête de la Science notamment. Parmi les entreprises de la filière approchées pour rejoindre le programme d’accompagnement dans le cadre du programme Journée Portes Ouvertes, trois d’entre elles, Duqueine, Novaressort et NTN ont ouvert leurs portes à l’occasion de la Semaine de l’Industrie accueillant près de 150 personnes.
La mesure de satisfaction de toutes ces actions menées a permis de recueillir 80% de retours positifs quant à « une meilleure connaissance et capacité à se projeter dans la filière ».
Les enjeux en année 2
Ce constat positif encourage à intensifier l’essaimage du dispositif de médiation immersive « sous la voûte » auprès des jeunes, soit in situ, c’est-à-dire au sein de planétariums, soit en itinérance lors d’événements grand public qui permettent de toucher également leurs familles. L’éclaté d’avion ayant su capter l’attention et démontrer son pouvoir d’attraction, il est prévu de le décliner en versions satellite et fusée.

Street Art en Industrie : essaimer les fresques industrielles avec conviction !
Opéré par Spacejunk Lyon, Street Art en Industrie s’est d’abord concentré sur l’approche de réseaux et d’acteurs industriels locaux, auxquels a été présenté ce support inhabituel de médiation qu’est le street art. En s’appuyant sur la « vitrine grandeur nature » déclinée au cœur du quartier de Rillieux-La-Pape, réussite éclatante qui donne envie d’en faire autant : en savoir plus ici.
A ce jour, une première fresque a été réalisée : elle a impliqué près de 250 jeunes de la ville de Rillieux-la-Pape qui ont peint sur un bloc de distribution de GRDF. Trois autres fresques pour les entreprises Terenvie, Monin Mécanique et CNR vont voir le jour.
La réalisation en partenariat avec GRDF illustre la transition écologique souhaitée par ces jeunes dans le secteur de l’énergie. Elle a été très bien accueillie par les publics interrogés, qui ont déclaré avoir une perception améliorée de l’industrie locale grâce à cette œuvre.
Quant au projet de l’entreprise Monin Mécanique, la 1re pierre du nouveau bâtiment situé au cœur du quartier Osérode, le long de l’A46, a été officiellement posée le 8 avril 2025. Il est prévu qu’un pan entier de cette usine flambant neuve soit confié au talent d’un artiste sélectionné par l’entreprise avec l’appui de Spacejunk. Le projet visera à plonger le public dans les ateliers, aux époques des trois générations de la famille qui se sont succédées à sa direction, signant un panorama, non seulement de l’entreprise familiale mais aussi de l’industrie en tant que secteur.
Ce type de projet enrichit l’espace urbain. Dans le cas de la réalisation GRDF, la fresque est arrivée au bon moment car elle a permis d’annoncer l’arrivée du gaz vert sur la commune de Rillieux-la-Pape.
Alexandre Vincendet, maire de Rillieux-la-PapeLes enjeux en année 2
Réussir à fédérer les acteurs industriels et institutionnels autour de projets de fresques, que ce soit sur les murs d’usines ou dans l’espace public, est une entreprise qui requiert du temps, de la ténacité et de la conviction. Les premiers partenariats noués confirmeront certainement que le street art peut avoir un effet magique sur la perception qu’ont les habitants de l’industrie de leur territoire tout en embellissant la ville. De nouveaux projets sont à l’étude avec le souhait de voir des fresques industrielles orner aussi les murs de Saint-Etienne…

L’appel à projets « Industries en culture »
L’étude des résultats des quatre projets catégorie « Culture Industrielle » lauréats de notre Fondation à 12 mois de déploiement démontre que les objectifs initiaux auront besoin davantage de temps pour se confirmer. Nous sommes confiants dans la capacité de ces nouveaux formats de médiation industrielle sur nos territoires à embarquer le grand public, les jeunes futurs actifs, dans une [re]découverte enchanteresse de l’industrie. Le temps de la médiation culturelle plus que toute autre forme de médiation, est résolument en décalage par rapport aux temps, courts, auxquels les acteurs industriels sont habitués. Une autre forme de médiation, entre des mondes artistiques et industriels, avec des modes de fonctionnement aux antipodes l’un de l’autre, est en cours…
Souhaitant [re]créer les conditions d’une culture industrielle partagée sur nos territoires, en mettant en perspective notre héritage industriel avec les activités productives locales d’aujourd’hui, ainsi qu’avec leurs transformations attendues pour demain, l’appel à projets de la Fondation ILYSE visait à :
- [Re]développer la connaissance des activités et savoir-faire productifs locauxpar les habitants
- Permettre aux acteurs des sites industriels de démontrer aux habitants l’ancrage local et le caractère essentielde leurs activités de fabrication
- Aller au-delà de la démonstration en impliquant industriels & habitants dans une expérimentation participative