Monin Mécanique : le street art en récit de l’industrie locale

Directeur Général de Monin Mécanique, Sébastien Monin est un entrepreneur exemplaire. Partenaire du projet « Street Art en Industrie » soutenu par notre Fondation, il a une manière de manager qui force l’admiration et produit des effets positifs tant au sein de sa société qu’au-delà. La réalisation d’une fresque signée Spacejunk sur le nouveau bâtiment de Monin Mécanique, dont la première pierre vient d’être posée, va bientôt illustrer cette façon de diriger, humaniste et singulière, des trois générations successives de la famille Monin.

Dans la lignée familiale

Sébastien Monin se présente, modestement, comme le « représentant » de Monin Mécanique. Il en a repris la direction générale en 2011, à l’âge de 24 ans seulement, s’inscrivant dans les pas de son grand-père, qui l’a fondée en 1948. Dernier né d’une fratrie de quatre, celui qui aidait son propre père, aux commandes de l’entreprise familiale depuis 1971, à ouvrir et trier le courrier le samedi matin, « a toujours eu la volonté de reprendre » dit-il. En effet, le goût de la technique et celui de la gestion humaine l’ont animé depuis qu’il est tout petit.

Apprends la technique, je t’apprendrai la gestion, lui déclare son père.

A l’ECAM, lors de ses études d’ingénieur Sébastien forme un binôme extrêmement complémentaire avec Nicolas Martinez. Il l’embarque dans un master spécialisé dans le lean management conduit en alternance, un an durant, au sein de Monin Mécanique : une expérience menée sous la tutelle de leur professeur-chercheur Zahir Messaoudene, heureux de pouvoir observer l’implémentation du lean dans une PME.

2011 marque la fin d’un cycle pour Monin Mécanique, « ultra saine et en bonne santé financière mais qui fait face à de nouvelles attentes des clients. » « Avec humilité et la volonté de la faire évoluer », Sébastien Monin reprend la direction de l’entreprise familiale. Féru d’histoire, il s’est intéressé à la période napoléonienne et a observé que l’une des clés était d’aller au combat, auprès de ses hommes, en première ligne. Aussi, pour débuter son aventure entrepreneuriale dans les ateliers de Monin Mécanique, Sébastien s’investit-il sans compter, aux côtés de ses salariés.

Petite industrie de haute technologie

Monin Mécanique fait de l’usinage sur plans et livre notamment des pièces et des équipements d’armement à de grandes entreprises de la défense nationale et européenne. La société exerce un métier de niche et de précision, où l’on travaille au micron près. Pour illustrer cela, Sébastien évoque la taille d’un cheveu divisé par 40 ! L’atelier abrite donc une vingtaine de machines très performantes qui valent entre 500 000 et 1 million d’euros, réfrigérées et climatisées – car « les deux ennemis de la mécanique, sont les écarts de température et les vibrations », précise-t-il.

Je ne suis pas ambitieux. Ce qui me guide c’est la pérennité et le désir de faire vivre le mieux et le plus longtemps possible les familles des salariés.

Sébastien Monin n’a initialement pas l’intention de faire grandir l’entreprise familiale mais les sollicitations extérieures l’y amènent. De 30, le nombre de salariés est passé à 50. Il déclare aussi ne pas être conduit par l’ambition, seulement par le souhait de pérenniser l’entreprise familiale. C’est notamment dans cette perspective qu’il cède des parts à son ami Nicolas, son soutien depuis toujours, ainsi qu’à Vincent Januel, salarié de l’atelier ayant toujours démontré une grande capacité d’engagement vis-à-vis de l’entreprise et un haut niveau de technicité.

Le street art pour ancrer l’histoire de l’entreprise

Les machines de production étant de plus en plus volumineuses et les bâtiments datant d’une époque où la sobriété énergétique n’était pas une priorité, la construction de nouveaux ateliers s’impose à Monin Mécanique. Sébastien souhaite cependant conserver l’implantation historique sur la commune de Rillieux-la-Pape, ayant notamment le souci de préserver la qualité de vie de ses salariés.

Une opportunité en amenant une autre, sa quête de foncier lui permet d’être mis en relation avec Violette Paquien, Directrice de Spacejunk Lyon, collectif de street art très actif à Rillieux-la-Pape, porteur du projet « Street Art en Industrie » soutenu par la Fondation ILYSE.

C’est par l’intermédiaire d’Anne Moignard, Chargée de développement économique de la Métropole de Lyon, que nous avons eu vent de ce projet. Une opportunité un peu invraisemblable au départ – raconter et donner à voir quelque chose autour de l’histoire de Monin Mécanique – s’est finalement révélée une démarche très intéressante.

Une convention de mécénat signée plus tard, il est décidé qu’une fresque ornera l’un des pans du nouvel atelier en construction. En trompe l’œil, donnant l’impression de pénétrer dans l’entreprise, elle représentera les trois chapitres de l’industrie familiale autour des trois générations qui s’y sont succédé. Plus largement, par capillarité, ces trois tableaux donneront aussi à voir l’évolution de l’industrie, le secteur, dans son ensemble. Elle illustrera comment Monin Mécanique a su évoluer au rythme des décennies en maintenant un haut niveau d’innovation, tant sur le plan organisationnel que sur le plan technique.  

« Cela fait du bien de faire du bien » : la philosophie de l’entreprise

Elevé dans une culture humaniste, dans laquelle l’Homme est placé au cœur des préoccupations, Sébastien est persuadé que la valeur ajoutée doit être redistribuée. Chez Monin Mécanique, elle l’est à hauteur de 73% (bien au-delà de la moyenne nationale qui se situe entre 65 et 68%). Par ailleurs, Sébastien Monin estime que l’effort de l’actionnariat ne doit pas être mieux récompensé que celui du salariat.

Ce qui fait la force de nos entreprises, c’est de prendre soin de nos hommes. Et ce n’est pas une vision philanthropique pure !

Par ailleurs, afin de répondre aux exigences des clients, le « SPMM » ou « Système de Production Monin Mécanique » a été implémenté. Il s’inspire de la philosophie du Toyota Product System ainsi que des modèles Kaizen, que Sébastien Monin a choisi pour leur capacité à assurer la pérennité de la société et qu’il enseigne. Le SPMM repose notamment sur un taux d’investissement qui excède la moyenne, se situant entre 20 et 25%.

Deuxième pilier organisationnel : le « BECMM » ou « Bien-Être Chez Monin Mécanique ». « Comment faire pour que les salariés se sentent le mieux possible au sein de l’entreprise et comment en faire profiter nos clients ? » s’interroge Sébastien Monin. Ainsi, par exemple, chaque mois, les salariés ont-ils droit à une demi-heure de massage pour lutter contre les TMS. Ils sont aussi souvent épaulés dans leur travail par des exosquelettes. Côté convivialité, l’association des anciens organise régulièrement des événements. Le prochain, autour d’un cochon grillé à la broche, sera ouvert à leurs familles.

Pour ce qui est de l’externe, considérant que « la création de richesse doit ruisseler sur la société dans son ensemble », Sébastien tient à soutenir des associations. » Cela donne du sens à notre travail en entreprise. Nous informons aussi nos clients que nous ne sommes pas animés par une volonté mercantile. Ils nous prennent comme nous sommes. » Ainsi, chaque année, le dernier vendredi du mois de novembre est synonyme de solidarité au sein de l’entreprise, et l’élection du plus joli costume, en rapport avec l’association choisie, est un temps fort attendu par tous. Successivement, Octobre Rose, Movember, les Restos du Cœur, Dr Clown, la SPA et les pupilles des sapeurs-pompiers ont été les récipiendaires de la générosité de Monin Mécanique.

Resto du Coeur x Monin Mécanique
Soutien aux Restos du Cœur

Le village Monin Mécanix

C’est d’ailleurs lorsque Safran lui dit un jour, à propos de cette façon de faire si particulière, « vous êtes incorrigible et incorruptible » que l’idée du « village Monin Mécanix » germe dans l’esprit de Sébastien Monin. La charte graphique de l’entreprise va, suite à ce clin d’œil, évoluer en ce sens, et l’entreprise sera désormais présentée comme un village gaulois. Et chaque membre de l’entreprise, renommé, comme dans une aventure d’Astérix. Lui, Sébastien, équivalent d’Abraracourcix, chef du village des Gaulois, s’appelle Dictocracix, « car l’entreprise est un mélange de démocratie et de dictature puisqu’il me faut toujours trancher, in fine ». Les deux piliers de la maison sont Analysederix, la personne chargée de la qualité, et Produimecanix, pour la production. Nous vous laissons deviner quels postes occupent Atouprix et Aprologistix ;). Pour incarner cette belle aventure humaine, une maquette du village de 1 m sur 2 a été réalisée par Mini World, représentant le village gaulois dans toute sa splendeur !

Elle trône dans le hall d’entrée. Nos clients s’en amusent. Nous faisons notre métier avec sérieux mais sans nous prendre au sérieux. Ce qui nous oblige d’ailleurs à être ultraperformants.

Maquette Monin Mécanix
Maquette Monin Mécanix


Le mot de la fin ?

« Pour être heureux, il faut qu’il y ait un alignement entre ce qu’on pense, ce qu’on dit et ce qu’on fait. » Et Sébastien Monin semble appliquer à la lettre ce précepte qui le guide. « Les valeurs de respect, reconnaissance, considération, écoute, ouverture, intégrité et empathie sont celles dans lesquelles nos collaborateurs se reconnaissent et elles permettent à chacun de mettre efficacement son action en cohérence avec le projet d’entreprise. »

Haut de page Haut de page