Transmettre la passion du « Faire », la fonderie en action

Lionel Barriquant

Directeur délégué aux formations – Lycée polyvalent Hector Guimard

Le samedi 10 décembre 2022, le lycée professionnel Hector Guimard – Lyon 7ème – accueillait les professionnels de la fonderie à l’occasion d’un atelier moulage et de la remise des diplômes à leurs étudiants. Lionel Barriquant, Directeur délégué aux formations revient sur ce temps fort de l’établissement.

Un public curieux lors de la coulée de l’alliage en aluminium dans les moules en sable. ©AAESFF
Petits et grands s’affairent à préparer leurs moules. ©Fédération Forge Fonderie
Les participants de cette matinée moulage au cœur des ateliers de production du lycée Hector Guimard. ©AAESFF
Bravo aux élèves de BTS et licences ayant reçu leurs diplômes ce matin-là. ©Fédération Forge Fonderie

Un esprit de corps intergénérationnel

« La fonderie est une grande famille ! » affirme Lionel Barriquant, Directeur délégué aux formations du lycée polyvalent Hector Guimard ; « j’ai découvert cet esprit de corps en venant travailler ici ». Et c’est bien cet esprit de corps propre aux métiers du faire de l’industrie qui a amené l’établissement à orchestrer cette matinée moulage.

Organisée en partenariat avec l’Association Technique de Fonderie (ATF) et l’Association des Anciens Elèves de l’Ecole Supérieure de Fonderie et de Forge (AAESFF), ce rassemblement avait pour but initial de permettre aux techniciens et ingénieurs en fonderie de se retrouver et d’échanger autour des problématiques de leurs métiers tout en partageant un temps convivial avec leurs familles.

« Hector Guimard est le seul lycée qui forme aux savoir-faire de la fonderie pour les bassins du Sud de la France. Les ingénieurs et techniciens en exercice et anciens du coin avaient pour tradition de se réunir le 1er week-end de décembre en hommage à Saint-Eloi, le patron des métiers liés au métal. Ces passionnés du moulage cherchaient un lieu pour le faire, nous les avons volontiers accueillis », nous explique Lionel Barriquant.

Ce cercle d’initiés, accompagnés de leurs proches, s’est très vite élargi aux professeurs et autres personnels de l’établissement, aux professionnels de la branche (entreprises partenaires, fournisseurs…) et relais académiques (Rectorat, inspecteurs…). Ce jusqu’à réunir aujourd’hui près d’une centaine de personnes qui, le temps d’une matinée, découvrent les métiers du moulage et se glissent dans la peau d’un fondeur.

« Il est primordial d’avoir ce lien avec la branche professionnelle. Nous nous connaissons tous dans le milieu de la fonderie. Nous tutoyons les patrons et responsables des entreprises avec qui nous cultivons une très grande proximité. En 2019 nous avons rajouté à cette matinée la remise des diplômes aux étudiants de licence professionnelle et de BTS. C’est une occasion unique de saluer de l’engagement de nos jeunes, de leurs enseignants, et l’excellence du métier en présence de la profession », reconnait Lionel Barriquant avec fierté.

Donner envie de « faire », la meilleure transmission

Tous sont conviés dès 8h du matin à venir avec un objet de leur choix pour en réaliser le moulage sable et en faire couler la réplique en métal. En attendant que le roulement des participants s’opère, les coulisses de l’établissement et les techniques de moulage sont dévoilées aux participants. Ici on apprend la sobriété vertueuse du moulage sable : le sable est majoritairement recyclé pour fabriquer de nouveaux moules et les chutes de métaux refondues pour de nouvelles réalisations. On découvre là un investissement technologique flambant neuf : une machine à impression 3D sable pour la réalisation de pièces de précision. On s’émerveille enfin devant les réalisations des étudiants en fonderie d’art…

Vient enfin le moment d’enfiler la blouse, de relever ses manches et de venir tasser en cadence, d’abord à la main puis à l’aide d’outils, le sable tout autour du modèle de fonderie pour en constituer le moule. C’est donc dans un concerto de coups de plat de la main, de masse, d’éclats de rire et de bonne humeur que tous, petits et grands, anciens et jeunes, retraités et actifs, s’affairent à la réalisation de leur plus belle pièce qui trônera, pour sûr, bien en vue de retour à la maison.

« Nous travaillons pour eux, et ces professionnels nous le rendent bien. Beaucoup ont suivi leur formation au lycée. Nous comptons aussi sur eux, pour nous permettre de financer de nouveaux équipements grâce à la taxe d’apprentissage qu’ils nous versent, et ainsi continuer à faire vivre et évoluer nos formations. Bien évidemment, nous comptons aussi sur eux pour d’embaucher nos jeunes. Ils ont besoin de nous pour former leurs futurs collaborateurs. Cette matinée donne un sens concret à ce qu’ils font au quotidien. Il n’est pas simple d’expliquer aux gens le principe et les techniques de la fonderie. Faire pratiquer, lors de petits ateliers, rend l’explication évidente », explique Lionel Barriquant.

Fondeur, un métier qui a de l’avenir ! Alors comment convaincre ?

Les métiers de la fonderie sont mal connus voire méconnus. Les formations ont du mal à remplir leurs effectifs et les entreprises peinent à recruter parce que le métier ne fait pas rêver les nouvelles générations. Ce constat se dresse pour de nombreuses filières industrielles malheureusement. Les fondeurs, essentiels à toute production industrielle, ne baissent pas les bras et relèvent le défi.

« Faire pratiquer est une bonne chose pour donner envie. Ainsi nous proposons le même type d’atelier lors du Mondial des Métiers. Nous avons beaucoup de succès, dans les salons des formations, car nous attirons le public en faisant pratiquer le moulage aux plus jeunes. Les familles apprécient de voir leurs enfants apprendre en faisant. Ainsi, les gens repartent avec quelque chose réalisé de leurs mains »

Lionel Barriquant, Directeur délégué aux formations au sein du lycée Hector Guimard

Mais ces sympathiques expérimentations ne suffisent pas, à elles seules, à convaincre les parents à encourager l’orientation de leurs enfants dans ces filières. Ils sont encore nombreux à penser que ces métiers n’ont pas d’avenir. « Bien que la fonderie n’occupe pas la même place dans le paysage qu’il y a 20 ou 30 ans, beaucoup d’entreprises manquent cruellement de collaborateurs et d’apprentis. Il y a pourtant de belles carrières à faire et de l’avenir pour nos jeunes », affirme Lionel Barriquant.

Une partie de l’équation à résoudre se trouve justement entre les 4 murs de la fonderie ou de l’entreprise selon Lionel Barriquant. « J’ai déjà visité des sites industriels qui ont su mettre les moyens pour rendre leur entreprise « attirante ». Ce sont souvent des nouveaux dirigeants qui reprennent une entreprise et qui remettent en état les équipements, les locaux, les éclairages, avec des espaces de vie et de travail agréables afin d’améliorer l’environnement de leurs employés…  Bien évidemment, j’aimerais avoir les mêmes moyens afin de rénover les ateliers de l’école dans cet esprit. Reproduire ces environnements dans les lycées professionnels rassurerait les familles. On le voit chez nous avec la section prothèses dentaires que nous venons d’agrandir et qui recueille un grand engouement ».

Une autre réponse consiste à valoriser l’excellence et la finalité des pièces fabriquées. « Aussi, j’aimerais pouvoir mettre en synergie nos 4 (ateliers) métiers complémentaires (Bureau d’étude, Outillage, modelage et Fonderie) et tendre vers des ateliers 4.0 », explique Lionel Barriquant.

« Renforcer nos compétences et celles des apprenants sur l’Innovation technologique (prototypage, impression 3d métal, robotisation, Jumeaux numériques pour la simulation de coulée…). Certaines fonderies de pointe sont sur ce schéma. Et donc, se rapprocher (techniquement) au plus près des entreprises innovantes afin de montrer que l’industrie du futur se transforme et n’est pas « has been »

Lionel Barriquant, Directeur délégué aux formations au sein du lycée Hector Guimard

« Dans nos partenaires industriels, nous avons de belles entreprises qui coulent  des pièces ou des prototypes, très techniques pour la fabrication, par exemple, de drone, de pièces mécaniques pour voitures de sport, des pièces pour l’aéronautique ou l’aérospatiale…  Ce genre d’entreprise, bien que parfois géographiquement isolées en France, peut attirer des jeunes. Pour peu que les environnements de travail soient attrayants, ça se saura vite et les jeunes voudront y aller ! », confirme Lionel Barriquant. Il en va ainsi pour la fonderie comme pour toute l’industrie…

Ilyse remercie chaleureusement Lionel Barriquant et ses équipes pour son chaleureux accueil ; ainsi que le Rectorat de l’académie de Lyon, partenaire fondateur, la Mission Ecole Entreprise de la DRAFPIC (Direction Régionale Académique pour la Formation Professionnelle Initiale et Continue), pour l’avoir associée à ce moment de partage.


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