Début 2022, la fondation ILYSE annonçait les lauréats de son tout premier appel à projets. Parmi eux, Silk Me Back et son concept de « Caravane Soyeuse ». Elle s’articule autour d’une itinérance entre collèges et entreprises locales pour raconter aux jeunes l’évolution de cette filière, très présente au cœur des métropoles de Lyon et de Saint-Etienne, de la soie aux textiles d’aujourd’hui. L’objectif est d’ouvrir le champ des possibles sur usages et métiers de cette industrie pour ces jeunes de 4ème et de 3ème particulièrement concernés par leur orientation professionnelle.
C’est dans cette démarche qu’ont été réalisées, fin mars, deux journées d’intervention au sein du collège Jacques Duclos à Vaulx-En-Velin.
Le concept porté par Silk Me Back et soutenu par Ilyse
Silk Me Back se présente en tant que « démarche artistique mettant en lien de multiples expressions contemporaines autour de la thématique de la soie. »
Après 10 années d’actions, d’outils pédagogiques et de médiation dans le but d’attirer les collégiens vers le monde industriel et la filière textile, l’association a répondu au tout premier appel à projets de la fondation ILYSE : « L’industrie pour les 11-16 ans, tout un monde à (re) découvrir ! ». Retenue avec 4 autres porteurs de projets, Silk Me Back a ainsi pu commencer à mettre en application son programme de « Caravane Soyeuse ».
Sa directrice artistique, Isabelle Moulin, est également muséographe, spécialisée en histoire de la soie, du textile et du patrimoine industriel : une parfaite expertise pour faire découvrir aux collégiens et collégiennes le passé et le présent de l’industrie textile de leur bassin de vie, de l’essor de la soie aux différentes applications techniques textiles actuelles et futures.
La Caravane WaWa dans la cour du Collège Duclos @fondation ILYSE
Abordée de façon ludique car mettant en scène, dans la cour des collèges, une vraie caravane qui interpelle la curiosité à la fois des élèves et de leurs professeurs, la « Caravane Soyeuse » apparaît comme un cabinet de curiosités, prétexte à faire 1001 découvertes. Un point de départ idéal pour filer l’histoire du textile lyonnais et stéphanois.
« Nous avons choisi d’investir un modèle de caravane iconique, la WaWa des années 50, car elle rappelle la forme d’un cocon de soie. »
Confie Isabelle MoulinC’est ainsi que le 24 mars dernier, un groupe de 18 élèves du collège Duclos de Vaulx-en-Velin, engagés dans un parcours « Cordées de la réussite » sont montés à bord de la fabuleuse « Caravane Soyeuse ».
Une intervention inscrite dans le programme « Parcours d’Excellence vers les métiers du textile »
Isabelle Moulin et sa « Caravane Soyeuse » ont ainsi fait halte au collège Duclos de Vaulx-en-Velin pour 2 jours d’atelier avec 18 collégiens (dont 16 filles !) visant à les familiariser aux activités et métiers du textile. Dotés d’un profil plutôt scientifique, ces élèves s’étaient tous portés volontaires aux « Cordées de la réussite textile » animées par Leila El Obbadi, leur Professeure de Lettres. Véritable levier d’équité et d’égalité des chances, le principe des « Cordées de la réussite » procure de l’accompagnement à l’orientation, et propose des visites permettant aux jeunes, dès la 4ème, de connaître le contextes socio-économique industriel de leur bassin de vie, son histoire et son développement actuel.
L’objectif des « Cordées de la réussite textile » est de générer un parcours d’excellence vers les métiers de la filière. Dans le cadre de leur programme, les jeunes avaient participé précédemment à l’événement Viva Fabrica Lyon, découvert les métiers à tisser Jacquard et assisté à un atelier de tissage avec l’association Soierie Vivante Lyon – seule association de sauvegarde du patrimoine de la Soie à Lyon ; ou encore visité le quartier historique de la Croix-Rousse en se glissant dans la peau d’un Canut grâce à l’association Cybèle. Ils ont aussi appris à décrypter le patrimoine industriel de leur commune en découvrant la centrale hydroélectrique de Cusset et l’ancienne usine TASE – Textile Artificiel du Sud-Est de Vaulx-en-Velin, autrefois spécialisée dans la fabrication de la soie artificielle et désormais classée Monument Historique.
Une matinée sur les routes de la Soie jusqu’aux métiers de l’industrie textile aujourd’hui
La « Caravane Soyeuse » a pour dessein d’inviter les personnes à percevoir différemment et plus concrètement l’industrie textile actuelle en partant de l’histoire de la soie. Riche et complet, le programme de cette matinée du 24 mars s’est ainsi organisé de façon à établir une médiation industrielle envers ces 18 collégiens.
Isabelle Moulin en animation @fondation ILYSE
La journée a débuté avec un peu d’histoire : de celle des origines de la soie il y a 5 000 ans en Chine, à celle bien plus récente et locale de Vaulx-en-Velin précisément dénommé Carré de Soie en mémoire notamment à l’implantation de l’ancienne usine TASE située allée du Textile ! Construite en 1925 par la famille Gillet, la TASE transformait la cellulose en viscose – ou soie artificielle. Fleuron industriel, elle a fortement contribué au développement de l’industrie textile lyonnaise et a employé jusqu’à 3 000 hommes et femmes issus de 33 nationalités différentes.
Une diversité de visages qui caractérise le métissage de la population vaudaise actuelle et donne l’occasion de sonder les origines et les métiers exercés par les parents et grands-parents des collégiens.
Une exploration à double lecture faisant la maille avec des univers professionnels liés à l’industrie, et permettant aux jeunes de réaliser que l’industrie se retrouve dans tout ce qui les entoure, absolument tout !
La découverte s’est prolongée au cœur même du cabinet de curiosités de la caravane, dans la cour du collège ; avant d’échanger à nouveau sur les métiers que jeunes filles et garçons souhaiteraient exercer plus tard. A ce stade, peu se projettent dans l’industrie textile. Ceci amenant alors Isabelle Moulin à questionner leurs connaissances sur la filière et à aborder le caractère innovant des textiles techniques d’aujourd’hui, qu’ils soient médicaux, lumineux ou encore intelligents.
Dès lors la médiation bascule vers leur perception, plus large, de l’industrie. Une image qui demeure malgré tout désuète et négative pour des jeunes issus de milieux qui ont directement ou indirectement souffert des délocalisations de productions et fermetures d’usines. Preuve en est que la médiation ne doit pas se borner à [dé]montrer mais aussi – et surtout – à renouer avec le concret par le faire !
C’est justement à cette mise en pratique que le cheminement emprunté tout au long de la matinée aboutit. Un temps fort, si ce n’est LE temps préféré des élèves mais aussi de leurs référents pédagogiques qui ont tour à tour expérimenté des ateliers de tissage de bandes de soie synthétique, de crochet, de couture. Une main à l’ouvrage qui a permis aux plus discrets de s’exprimer et au groupe de partager leur envie de développer un atelier de tissage au collège. Ceux-ci sont désormais en recherche de financements et de partenariats pour bénéficier d’un métier à tisser au sein de leur établissement.
Pari gagné donc pour la « Caravane Soyeuse » qui aura [re]donné le goût d’une filière méconnue et fait [re]naître un projet, des vocations, peut-être un nouveau départ pour l’industrie textile vaudaise…
Tissage de bandes synthétiques @fondation ILYSE
La fondation ILYSE et la marraine du projet, Véronique Moreira – Vice-présidente Education et Collèges de la Métropole de Lyon, remercient Isabelle Moulin du Silk Me Back ainsi que les référents du collège Duclos, dont Madame El Obbadi en première intention, pour nous avoir permis de vivre la « Caravane Soyeuse » de l’intérieur. Nous saluons l’accueil remarquable du Principal, Monsieur François Solelhac, et son adjointe, Angèle Mendy et de leurs équipes.
Nous avons apprécié la présence de Victor Greck et Rachel Eniona, deux étudiants de l’Ecole du Louvre à Paris qui, dans le cadre de leur étude sur les « nouvelles médiations », assistent aux interventions de la « Caravane Soyeuse ».
Enfin, nous nous sommes réjouis de la participation active de Monsieur Carrière, Inspecteur de l’académie qui fut, dans ses premières années d’expérience professionnelle, apprenti-plisseur ! Jolie coïncidence, qui aura contribué à rendre ce moment unique.